2.3 Étude de cas

Étude de cas 1 – Traduction infidèle

Une femme qui tient sur ses jambes son enfant en larmes.
Ceci n’est pas un vrai patient.
Crédit photo : Avec l’amiable autorisation de la “Reception House”, Ottawa, Ontario

Mme A, une réfugiée récemment arrivée de la République démocratique du Congo, donne naissance à une fille atteinte du syndrome de Down avec communication interventriculaire. L’enfant est admise à l’unité des soins intensifs pour nouveau-nés. À l’unité, une infirmière remarque que Mme A parle un français « cassé » et la signale à la société d’aide à l’enfance (SAF).

La SAF examine le dossier et découvre que deux des quatre enfants de Mme A sont morts au Congo, en bas de cinq ans chacun. De plus, Mme A semble peu intelligente, parle mal français et entend mal à cause d’un bombardement. La SAF trouve le tout inquiétant. On remarque aussi que Mme A a placé un petit oreiller dans la couchette du bébé.

La SAF se demande si Mme A saura s’occuper de l’enfant et recommande que la petite soit mise en foyer d’accueil. Toute communication avec Mme A passe par son fils, qui est venu s’établir au Canada il y a quelques mois.

Question : Si vous étiez le médecin de famille de Mme A , comment vous y prendriez-vous?

Traduction infidèle1

  • En arrivant au Canada, Mme A parle kikongo, une des langues nationales de son pays (2 millions de locuteurs), et français.
  • Le français étant sa langue seconde, elle le prononce avec une forte influence du kikongo. D’où la notion de français « cassé » qui est interprété comme un signe de faible intelligence.
  • La mort de deux de ses enfants est vue comme une incapacité à assumer son rôle de mère. Or, au Congo, le taux de décès des enfants de moins de 5 ans est de 30 %. Compte tenu du parcours de la mère comme réfugiée, avoir perdu deux enfants en bas âge n’est pas exceptionnel.

Une adaptation de K. Pottie, « Misinterpretation. Language proficiency, recent immigrants, and global health disparities », Can Fam Physician, vol 53, no 11, 2007, p. 1899-1901.

Les étapes de la communication avec un interprète2 :

Avant l’entretien

Un docteur qui se sert d'une interprète pour communiquer avec sa patiente.

  • Parler à l’interprète des objectifs de l’entretien
  • Dire à l’interprète la durée prévue de l’entretien
  • Donner un aperçu des points qui seront abordés
  • Si l’interprète est improvisé ou est un membre de la famille ou un ami, expliquer les « règles » à suivre
  • Insister sur la confidentialité

Pendant l’entretien

Trois chaises vides.

  • Disposition des sièges – éviter les triangles
  • L’interprète devrait être assis à côté du patient ou un peu derrière lui pour faciliter les rapports entre le médecin et le patient
  • Commencer par les présentations
  • Expliquer au patient le rôle de l’interprète
  • Assurer la confidentialité
  • S’assurer que le patient est à l’aise de poser des questions
  • Répéter fréquemment (dire au patient) ce qui a été entendu ou compris

À la fin de l’entretien

Un docteur à la table avec une mère et son enfant. Un interprète se tient au bout de la table pour aider avec la communication.

  • Inviter le patient à poser des questions
  • Répéter les concepts importants plus d’une fois
  • Passer soigneusement en revue le plan de prise en charge

Adapté de : Weiner et al., Bridging Language Barriers: How to Work with an Interpreter, 2004

Notez bien: Pour plus d’information et pour des études de cas supplémentaires, vous pouvez compléter la section Ceinture noire.

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